HISTORIQUE

IVe av J.C.
Aristote distingue la physique des astres, qui décrivent des cercles parfaits et immuables, de la physique terrestre, celle de la chute des corps. 
1609
Kepler découvre que les planètes décrivent des ellipses autour du Soleil et Galilée observe les cratères de la Lune. L'imperfection, alors réservé au monde terrestre, s'installe au ciel. 
1632
Galilée établit la loi de la chute des corps. La description mathématique des mouvements, alors réservée à ceux des corps célestes, prend pied sur Terre. 
1687
Newton découvre que tous les corps massifs sont mutuellement soumis à la force d'attraction gravitationnelle. Ainsi la Lune chute dans le ciel comme une pomme tombe à la surface de la Terre. 
1915
Dans sa théorie de la relativité générale, Einstein unifie l'espace et le temps et montre que l'unification gravitationnelle correspond à des déformations de l'Espace-Temps. 

Le pendule de Cavendish
Sur la Terre

comme au Ciel

La chute de la Lune
Si la théorie de Newton rendait bien compte des mouvements des astres, encore fallait-il confirmer par l'expérience la loi de force gravitationnelle, chose impossible au XVIIe siècle puisque les masses des planètes et la constante de gravitation G n'étaient pas connues. C'est ce que réalisa en 1798 le physicien anglais Henry Cavendish. Son dispositif, destiné à déterminer la densité de la Terre, permit de mesurer l'attraction gravitationnelle de 2 sphères métalliques sur 2 billes de plomb fixées aux bouts d'une tige de bois suspendue à un fil. L'attraction dévie le pendule d'un petit angle, dont la valeur est proportionnelle à l'intensité de la force. Connaissant la masse des boules, on put en déduire G (dont la valeur vaut ).

Olivier Néron de Surgy, rédacteur en chef adjoint de Sciences et Avenir .

Afin de prouver que la Lune n'est pas une sphère parfaite, Galilée fit remarquer que si c'était le cas, seuls les rayons du Soleil réfléchis en un point de sa surface pourraient revenir vers nous, les autres étant réfléchis dans d'autres directions ; on ne la verrait donc pas. Comme la Lune, les sphères que nous observons dans la vie courante sont bien visibles, car leurs surfaces ne sont pas lisses. Galilée affirma en outre que les tâches maculant la surface lunaire correspondaient à des montagnes. Par conséquent, la Lune avait une nature terrestre ; elle ne pouvait être constituée d'une quelconque " quintessence divine ", ainsi que l'imposait la cosmologie d'Aristote. En fait, nous savons que ces montagnes sont formées par des cratères d'impacts, Galilée aurait pu s'en servir comme argument pour soutenir que la chute des corps, dont il donna la loi en 1632 (en un temps t, un corps subissant l'accélération g parcourt la distance ), peut aussi bien s'appliquer sur la Lune. Ce que Galilée affirme surtout avec cette loi, c'est que la nature est écrite en langage mathématique, et que ce langage est tant celui de la physique terrestre que celui de la cinématique céleste. La perfection du cosmos se rencontre dans la matérialité physique elle-même.

Jean-Jacques Szczeciniarz, philosophe historien des sciences. Professeur à l'université de Bordeaux III .

Lancez une pomme devant vous. Pendant sa chute vers le sol, la pomme est en orbite autour du centre de la Terre, comme la Lune est en orbite autour de la Terre. Elle tombe comme si toute la masse de la Terre était au centre de celle-ci ; elle passerait alors tout près de son centre, atteindrait les antipodes, repasserait près du centre et reviendrait dans votre dos avec la vitesse que vous lui avez imprimée. On peut décrire la chute d'une pomme comme une succession de déplacements rectilignes infinitésimaux, dont une composante est tangente à son orbite (selon le principe d'inertie, un corps non soumis à une force extérieure conserve un mouvement rectiligne uniforme), l'autre composante étant dirigée vers le centre de la Terre (à cause de la force d'attraction gravitationnelle).
 

L'elliptique d'une orbite peut donc être approchée par un très grand nombre de petits mouvements rectilignes ; c'est ainsi que Newton a décomposé le mouvement de la Lune pour montrer qu'elle chutait perpétuellement sur la Terre sans jamais l'atteindre, puis déduit la relation entre la force d'attraction gravitationnelle et l'accélération de la pesanteur , où m est la masse du corps qui subit cette accélération.


Jean-Jacques Szczeciniarz, philosophe historien des sciences. Professeur à l'université de Bordeaux III .

La géométrisation de la gravitation
La loi de la gravitation universelle établie par Newton dans les années 1680 permit de calculer les mouvements des planètes et des satellites du système solaire avec une grande précision, grâce aux méthodes analytiques développées notamment par les mathématiciens français Louis de Lagrange et Pierre Simon de Laplace, dès la fin du XVIIIe siècle. En 1915, cette loi fut quelque peu modifiée par la théorie de la relativité générale d'Albert Einstein : les mouvements des corps n'y sont plus décrits comme résultant de forces gravitationnelles entre les corps massifs, mais comme conséquences des déformations de l'espace-temps déterminées par la distribution de la matière. Cette refonte théorique fut immédiatement confirmée par le fait qu'elle rendait bien compte des différences entre les variations observées de l'orbite de Mercure et les variations calculées à partir des équations de Newton. Puis en 1919, lors d'une éclipse de Soleil, l'observation d'une étoile permit de constater que les rayons lumineux étaient légèrement déviés au voisinage du Soleil, ce qui rendait compte de la courbure de l'espace-temps.

Olivier Néron de Surgy, rédacteur en chef adjoint de Sciences et Avenir .