HISTORIQUE

Années 1920
Einstein tente d'unifier la gravitation et l'électromagnétisme. A cette fin, Kaluza et Klein proposent d'ajouter une cinquième dimension à l'espace-temps, mais en vain. 
Années 60
La théorie quantique des champs permet de décrire avec précision les interactions électromagnétique, faible et forte, mais pas l'interaction gravitationnelle. 
Années 70
A la suite des travaux de Zumind et Weiss s'impose la supersymétrie, transformation qui associe à chaque particule un hypothétique super partenaire. 
Années 80
L'insuffisance du concept de particule ponctuelle conduit à une théorie supersymétrique, développée notamment par Green, Schwart et Witten, dont les objets sont de minuscules cordes vibrantes. 
Années 90
La théorie M, synthèse de diverses théories de cordes, s'érige en bonne candidate à la théorie de tout, celle d'une superforce. Mais elle est si complexe que les physiciens savent à peine ce qu'elle décrit vraiment. 
Le projet STEP
La convergence des interactions
La supersymétrie
Le principe de l'équivalence de la relativité générale stipule que tous les corps plongés dans le même champ gravitationnel subissent des accélérations identiques. Afin de le tester avec une grande précision, un satellite devrait être lancé dans quelques années, abritant à son bord 2 cylindres coaxiaux de compositions différentes et pouvant coulisser librement; c'est l'expérience STEP (satellite test of the equivalence principle). L'observation éventuelle d'une minuscule différence d'accélération entre les 2 cylindres impliquerait une limitation de la validité de ce principe, dont les théories de cordes pourraient rendre-compte, mais qui pourrait aussi être due à une nouvelle interaction. Sans être crucial pour les théories de cordes, il s'agirait là d'un résultat majeur pour la physique fondamentale.

Pierre Fayet, directeur de recherche au laboratoire de physique théorique de l'école normale supérieure. 

Les intensités spécifiques des interactions fondamentales sont définies par des quantités sans dimension appelées constantes de couplage. Ces paramètres sont en fait des fonctions de l'énergie lentement variables, dont on peut extrapoler le comportement à partir des mesures actuelles effectuées dans les collisionneurs de particules à des énergies de l'ordre de la centaine de GeV. Dans une théorie de grande unification, ces 3 paramètres doivent converger à une énergie très élevée (au moins 1014 GeV, typiquement) pour laquelle les interactions faible, électromagnétique, faible et forte viendraient se fondre en une interaction unique (l'interaction "électronucléaire"). Mais le modèle de grande unification le plus simple se trouve exclu, faute de convergence. En revanche, dans une théorie supersymétrique, l'effet des diverses "qparticules" qu'elle fait intervenir conduit ç une convergence remarquable, à une énergie d'environ 1016 GeV. L'existence d'une grande unification semble ainsi requérir celle de ces sparticules.

Pierre Fayet, directeur de recherche au laboratoire de physique théorique de l'école normale supérieure. 

La supersymétrie transforme la fonction d'onde (c'est-à-dire la représentation mathématique de l'état quantique) d'une particule ordinaire en celle d'un hypothétique superpartenaire (sparticule) en modifiant d'une demi-unité la valeur de son moment cinétique de rotation propre (spin). Elle associe ainsi à l'électron, dont le spin a 2 orientations possibles, 2 nouveaux états appelés sélectrons, de spin nul; aux quarks et aux neutrinos sont associés des squarks et des sneutrinos. Tout comme les fermions (les leptons et les quarks), constituants de la matière, les bosons, messagers des interactions, sont associés à des sparticules : le photino, les winos, le zino et les gluinos; au graviton, hypothétique messager de l'interaction gravitationnelle, est associé le gravitino. Dans la mesure ou la supersymétrie respecte une propriété conservative appelée R-parité, la sparticule la plus légère, qui doit être stable, est un très bon candidat pour constituer, au moins en partie, la mystérieuse "matière noire" de l'Univers. Aucune sparticule n'a été observée à ce jour, probablement parce que leurs masses - si ces objets existent effectivement - sont trop élevées pour être produites dans les collisionneurs actuels. Cependant, divers arguments (tels que la convergence des constantes de couplage des interactions faible, électromagnétique et forte) permettent de penser qu'elles devraient se manifester dans les futurs collisioneurs.

Pierre Fayet, directeur de recherche au laboratoire de physique théorique de l'école normale supérieure. 

Les supercordes
Dans le cadre usuel de la théorie quantique des champs, la prise en compte des effets de la gravitation, c'est-à-dire le calcul des probabilités d'échanges de gravitons entre les particules, conduit à des quantités infinies. Afin d'éluder cette difficulté, les physiciens ont imaginé représenter les particules par des cordes, objets linéaires de très petites tailles et évoluant dans un espace ayant en général des dimensions supplémentaires. Aux particules du modèle standard supersymétrique correspondraient des supercordes distinguées par différents modes de vibration, leurs interactions étant décrites en termes de scission ou de fusion de cordes. Cette correspondance n'est pas définie à l'heure actuelle de façon univoque, d'où de nombreuses théories envisageables. Malgré cette indétermination, les théories de supercordes apparaissent comme les candidates les plus prometteuses à la description d'une interaction unifiée à une échelle d'énergie voisine de 1019 GeV.

Pierre Fayet, directeur de recherche au laboratoire de physique théorique de l'école normale supérieure.